2 articles sur les dernières expositions accueillies par la galerie Documents 15 :
Judith Colin, Nous Naviguons, estampes, tressages, tissages
Modestie des moyens, complexité des usages, J. Colin jour avec divers papiers, déjà estampés ou encore vierges, qu'elle découpe, coud et plie. Aucun grand geste mais simplement la main qui passe et repasse, dessus, dessous, attachant ici, collant là, choisissant la valeur du noir, l'atténuant parfois avec un morceau de tarlatane, ou lui superposant un autre papier. On l'imagine travaillant avec humilité, et dans une lenteur créatrice admettant répétitions et remords. Avec comme résultats de valoriser autant le dessus et le dessous : l'endroit, visible, fait deviner l'envers, mais peut devenir invisible à son tour. Il suffit d'ajouter un tissage ou de coudre plus étroitement. Inverser le regard conduit à annuler l'apparent, ce que suggèrent en fait les titres qui sont souvent des jeux de mots, allitérations ou appels à un double sens. Par exemple, POT CLAIR OU BLANC COUVERT ou encore, VOILE BLANC OU VOIS LE BLANC !. Il reste que chaque œuvre, née d'une autre œuvre ou non, n'est jamais vraiment finie et suggère la possibilité d'une intervention constructrice, maintenant ou plus tard.
Charles Donker, 50 ans de gravure
Il fait froid dans l'univers de Charles Donker, artiste néerlandais né en 1940. Mais ce froid n'est pas glaçant : à la tremblante lumière d'hiver il montre des campagnes apaisées, scandées par des rangées d'arbres et quelques maisons éparses, appelant à la promenade et au détour. Travaillant le plus souvent sans dessin préparatoire, l'artiste place un simple objet, ici un mur, dans de larges perspectives. La finesse des traits et le jeu complexe des nuances entre des blancs doux, des gris progressifs et des noirs onctueux mais toujours discrets, donnent le sentiment de la fluidité du temps et de la transparence de ces lieux étendus jusqu'à un horizon lointain et sous des cieux indifférents.