Abstraction et imagination.
L'atelier est une alchimie. La réalité du représenté devient le réel de l'œuvre. Le "vu" repose. il attend secrètement, parfois longtemps que le geste le ranime, le transforme. Pinceau ou encre; la lumière, l'eau, le ciel, les nuages ont toujours été les éléments du travail d´Elena Prentice. Aquarelles ou peintures s'attachent à un fragment, à un instant ou à des impressions colorées, visions subjectives où le paysage et le monde remplissaient la toile de leur macroscopique évidence.
Ici, le point est devenu trait. La perception, la sensation rejoignent l'abstraction. La couleur n'est plus qu'horizontalité. Le haut, le bas, le ciel et la terre sont pris dans une rigueur frontale. Ils gagnent la force du suggéré, renoncent à la joliesse descriptive.
Ils affirment.
Trait après trait Gustave de Staël a construit un univers dont il est le démiurge, l'architecte et le bâtisseur fantasque. La mémoire ouvre les portes de l'imaginaire. Le vacillement, l'accumulation ou le vide s'épaulent pour mettre en place une réalité, un possible qu'ils s'emploient très vite à déranger. Le vrai et le vu imperceptiblement mais sûrement n'appartiennent plus qu'à la méticulosité d'une trajectoire qui habite l'espace à sa guise. L'univers se détraque pour ne plus être que les propositions rêveuses de son créateur.
Un subtil vertige remplace le confort du reconnu.
Jacqueline Aubenas