NOUS NAVIGUONS, le nom choisi pour cette exposition, est d'abord celui d'une œuvre récente, terminée en 2016. Il est question dans cette œuvre de tressage, de tissage, d'apparition, d'effacement, de mémoire, et de songe.
Ces thèmes de recherches plastiques ont pris forme peu à peu dans la pratique de la gravure dès 1998. Dans FLACON, CAPUCHON BLANC, BOUTEILLE NOIRE, eau forte datant de 2001, est déjà présent, le tressage, formé par deux espèces de traits : des traits verticaux, horizontaux, en diagonale, se chevauchant et dessinant les mouvements de l'œuvre ; et des traits plus courbes, comme des cheveux s'emmêlant aux autres traits, permettant des passages entre les différents plans et figures. Dans NOUS NAVIGUONS, le tressage, fait de fils et de bandes de papiers divers, devient tissage. Il n'est plus représenté sur une surface : imprimé sur le papier, mais fait le tissu, sans intermédiaire. Le fil et l'aiguille (utilisés depuis 2004) permettent de rentrer plus en profondeur dans la matière, de la traverser, imitant le mouvement de certains animaux aquatiques, passant de l'eau, des profondeurs marines, à l'air. Ce mouvement est aussi une respiration ou un va et vient entre la lumière et l'obscurité. Claude Debussy, en musique, s'est intéressé à ce balancement et dit : « La musique est écrite pour l'inexprimable, je voudrais qu'elle eût l'air de sortir de l'ombre et que, par instants, elle y rentrât »