Simon Edmondson sur son travail Hospital Palace:
Mon idée était de recréer fidèlement sur la toile l'espace des appartements du Prince que l'on peut voir dans Les Ménines de Velázquez, comme si le feu de 1734 n'était jamais arrivé, et que le Real Alcázar de Madrid avait survécu jusqu'aux temps modernes, converti en une sorte d'hôpital ou d'asile. Dans mon atelier, j'ai physiquement recréé cette partie du Real Alcázar et simulé son éclairage. Sur la base des plans architecturaux du 17ème réchappés et conservés à la bibliothèque du Vatican, j'ai produit mes propres plans de la pièce principale de ces appartements, connus à l'époque sous le nom de Cuarto bajo del Principe. Grâce à la perspective et par projection mathématiquement calculée, j'ai pu positionner le niveau de l'œil, le plan de l'image, le point de vue et le point de fuite, dans les mêmes relations que celles employées par Velázquez. La comparaison de son travail avec les plans anciens suggère fortement qu'il a aussi utilisé des moyens mécaniques ou mathématiques d'interprétation dans les premiers états de sa composition. En prenant pour points cardinaux dans ma version ceux d'un observateur plus grand et regardant à gauche par-dessus l'épaule de celui de Velázquez, tout est vu dans mon travail d'un angle légèrement différent, et cela m'a obligé à faire mon propre chemin parallèle.
Ma version parallèle est entreprise dans des conditions matérielles et techniques très similaires, bien que je n'aie pas beaucoup fait référence aux Ménines excepté par la présence implicite des volets et des décors du plafond qui n'apparaissent pas sur les plans du 17ème. J'ai étudié de près le rapport de restauration du Prado, rédigé par Manuela Mena (Boletin del Museo del Prado, tome 4, numéro 14, mai-août 1984), et ses révélations sur la toile, la préparation, et les pigments utilisés. L'exécution d'études et de dessin complets ou partiels a joué un rôle vital dans l'évolution de ce travail.
J'ai réarrangé et remplacé tous les personnages (y compris le chien) par des patients et gardiens de l'asile ou de l'hôpital qu'est devenu le Real Alcazar de Madrid dans ma version. J'ai fait disparaître tout le mobilier originel, mais les éléments restent en place.
Surtout, je voulais éviter les discussions spéculatives et théoriques que le travail de Velázquez continue de susciter, tentant à la place de mettre en valeur la véritable humanité de ce groupe de personnages, une vision sur l'inévitable fragilité et possibilité qui enveloppe la condition humaine. Un vrai fragment de temps représenté dans un espace existant et documenté. C'est là que la plus riche et la plus honnête intention artistique va être trouvée, quelque chose de ce grand travail qui n'est pas souvent reconnu mais qui mérite d'être plus largement concédé. En produisant ma propre peinture, en fait, j'en ai appris plus sur la recherche personnelle de Velázquez dans ce chef d'œuvre personnel.
(traduction Claire Brinon)
Exposition en association avec Ditesheim & Maffei Fine Art, Neuchâtel